3 juil. 2016

Les Carnets de Cerise, Tome 1 et 2, Joris Chamblain et Aurélie Neyret (Soleil)



Résumé : Cerise est une petite fille âgée de 11 ans qui vit seule avec sa mère. Elle rêve de devenir romancière. Son sujet favori : les gens, et plus particulièrement, les adultes. Elle adore les observer pour tenter de deviner leurs secrets.

J'ai lu les deux premiers tomes de la série BD "Les Carnets de Cerise" : Le zoo pétrifié et Le livre d'Hector.

Il s'agit d'une BD pour la jeunesse mais que j'ai découvert avec beaucoup de plaisir. Le dessin est vraiment magnifique, tout en douceur et en fraicheur. L'histoire est suffisamment complexe pour tenir en haleine jusqu'aux dernières pages. Même si les histoires sont pleines de bons sentiments (émouvantes mais sans tomber dans le mièvre), le caractère complexe de l'héroïne (un peu tête à claque quand même) et le personnage mystérieux de la voisine écrivain rendent l'ensemble vraiment excellent. 
Les personnages évoluent d'un album à l'autre et gagnent en épaisseur. J'ai hâte de découvrir la suite pour voir grandir la petite Cerise, à cheval entre l'enfance et l'adolescence. 

En bref, c'est beau, c'est subtil, c'est prenant !! Que du bon !!

1 juil. 2016

Sunshine de Paige McKenzie (Hachette - BlackMoon)







Résumé : L’univers tranquille de Sunshine, 16 ans, bascule à cause du déménagement que lui impose sa mère adoptive Kate. Pour des raisons professionnelles, Kate conduit sa fille à l’autre bout des Etats-Unis, dans une maison qu’elle choisit sur Internet. Sunshine constate que rien n’est à son goût : la maison est décrépie, l’intérieur est moche et sombre. Pour couronner le tout, une odeur de moisi flotte dans l’air, l’humidité imprègne les moquettes, la température ambiante donne la chair de poule en permanence. La première nuit, Sunshine entend des pas et des pleurs à l’étage. Bizarrement, sa mère n’entend rien. Sunshine constate aussi que ses affaires ne restent jamais à leur place, sur les étagères de sa chambre. Aucun doute, la maison est hantée. Bientôt Sunshine découvre qu’il s’agit de l’esprit d’une fillette de 10 ans, auquel elle va peu à peu s’habituer. Mais, un autre esprit rôde, bien plus maléfique… Au cours d’une nuit particulièrement angoissante, sa mère entend cette fois aussi des hurlements en provenance de la salle de bains. De l’eau brune coule à flots sous la porte bloquée. Pourtant il n’y a personne derrière, quoique des traces de lutte soient visibles. Kate semble enfin reconnaître qu’il se passe des choses bizarres dans cette maison. Malheureusement pour Sunshine, dès le lendemain matin, Kate a tout oublié et se comporte de plus en plus étrangement…

Je remercie les éditions Hachette - BlackMoon et NetGalley pour m'avoir permis de lire ce roman.

Au terme de ma lecture, j'ai un avis très mitigé sur ce roman.

L'intrigue est assez bien ficelé avec suffisamment de suspense pour tenir bien en haleine jusqu'au bout et donner envie de continuer. L'intrigue présente également des côtés originaux tout en répondant aux attentes du genre. Les scènes de genres m'ont d'ailleurs beaucoup plu. L'écriture est très cinématographique et, par conséquent, très efficace... On se croirait dans un film d'horreur.

En revanche, je trouve le style de l'écriture très pauvre ce que je trouve toujours dommage pour un roman jeunesse. Je pense que pour plaire aux jeunes, il n'est pas nécessaire d'utiliser un style et un vocabulaire simpliste.
Les personnages sont assez superficiels et stéréotypés. J'ai trouvé qu'ils manquaient de subtilité notamment le personnage principal, Sunshine qui a vraiment des réactions simplistes et "binaires". J'ai trouvé le personnage en lui-même intéressant (son "destin", son passé, sa relation avec sa mère) mais l'écriture et le style ne la mettent pas valeur.

En bref, l'intrigue et les personnages avaient un vrai potentiel mais malheureusement, le style trop simpliste et le manque de subtilité des personnages empêchent de vraiment créer un univers intéressant. Dommage...

27 juin 2016

Le feu dans la nature : mythes et réalité (Les écologistes de l'Euzière).


Résumé : Le feu: une catastrophe écologique ? Botaniste, ornithologue, sociologue, forestiers, pompiers... sont réunis ici pour faire le point sur les relations entre les milieux méditerranéens et le feu. La place de l'imaginaire, les impacts écologiques, l'importance de la lutte et la conduite d'une forêt tolérante au feu y sont présentés par des textes clairs et abondamment illustrés.


Je remercie tout d'abord les éditions "Les écologistes de l'Euzière" ainsi que Babelio pour m'avoir permis de découvrir ce livre grâce à l'opération Masse Critique.

Cette lecture m'a sorti de mes habitudes de lectures (les seuls documentaires que je lis étaient jusque là plus sur l'art, l'histoire ou l'archéologie).
J'ai trouvé ce documentaire vraiment intéressant même si tous les chapitre ne m'ont pas autant captivé. C'est d'ailleurs, je trouve, l'aspect le plus intéressant et le plus original du livre : le thème (le feu en forêt, l'incendie) est vu sous une multiplicité de points de vue (historique, physique, écologique, récit d'expérience...). Chacun peut ainsi y trouver son compte et apprendre beaucoup. Même si certains aspect m'ont moins plu, ce n'est pas par rapport à leur qualité mais à mes goût personnels.
Néanmoins, on apprend beaucoup dans ce livre même sur des aspects qui nous sont étranger. Même si on n'est pas spécialiste du sujet, on peut lire le texte (d'une haute exigence à chaque fois) pour en saisir les idées générales même si l'approfondissement est un peu complexe (les conclusions des chapitres sont d'ailleurs des synthèses soignées et utiles).
Personnellement, c'est le premier chapitre sur la symbolique et l'imaginaire du feu qui m'a passionné. Les parties suivantes expliquant l'intérêt du feu dans l'équilibre de la végétation et son impact m'ont aussi tout à fait intéressé. Ayant grandi dans le Var et ayant vu 2 fois mon jardin ravagé par le feu, je le voyais comme une menace et un ennemi. Ce livre m'a permis de nuancer cette vision et de mieux comprendre le phénomène et ses étapes.

J'ai beaucoup apprécié la qualité de l'iconographie et des schémas dans chaque chapitre.

En bref, un bon documentaire dans lequel le spécialiste comme le néophyte peuvent piocher beaucoup d'information. Le défaut du livre, qui est aussi paradoxalement une qualité, c'est que le niveau de spécialisations du texte est parfois élevé.

26 juin 2016

Alice au Pays des Morts-Vivants de Mainak Dhar (Outre-Fleuve)



Résumé Pays des Morts, Inde. Du monde d’hier, il ne reste rien, juste les armes, nécessaires à la survie. Depuis qu’un virus a réduit la quasi-totalité de l’humanité à l’état de zombies, le Comité Central règne sur cette partie du globe. L’instrument de son pouvoir : son armée, Zeus.
Alice, quinze ans, vit dans une communauté restée indépendante et libre. Pour toute école, elle n’a connu que celle du combat. Mais elle y excelle. Lors d’une patrouille, elle surprend un mort-vivant portant des oreilles de lapin roses qui sort subitement de terre, puis qui disparaît. Des rumeurs parlent d’un réseau souterrain où les Mordeurs se réfugient.
Sans l’ombre d’une hésitation, elle s’engouffre à sa suite. Et chute…


J'ai découvert ce roman dont le titre et la (magnifique) couverture m'ont immédiatement attiré, lors d'un office professionnel. 

C'est une histoire "de zombies" assez classique et, néanmoins efficace. Classique dans le sens où l'on suit des personnages humains, luttant pour leur survie contre des zombies et contre des humains parfois pires. On suit une jeune fille, Alice, qui devient, sans le vouloir, un leader de guerre. Comme dans d'autres histoires "de zombies", chaque fois que les humains "gentils" réussissent à construire quelque chose de durable (relations, abris, communauté...) tout est détruit, ce qui met à rude épreuve les émotions du lecteur. 

Ce roman est efficace, c'est un "page-turner" qui tient en haleine jusqu'aux dernières pages.  L'écriture est fluide et porte bien le suspense. Les scènes de combats sont bien décrites, violentes, mais pas trop gores. 

Ce roman présente également quelques originalités par rapport au genre ce qui le rend intéressant. Tout d'abord, l'auteur, indien, situe son histoire en Inde et notamment dans les ruines de New-Delhi. Ce cadre "exotique" change un peu des ranches ou villes américaines auxquelles on est plus habitué. 
L'auteur crée également un univers que l'on devine étendu et riche : les personnages évoquent des rebellions et des conflits dans d'autres régions du monde. 
Sans spoiler l'intrigue du livre, disons que les zombies ont une petite spécificité inattendue qui se découvre au fil des pages et qui est bien exploitée par l'auteur. 
Enfin, et non des moindres, j'ai beaucoup apprécié le parallèle continu avec le conte "Alice au Pays des Merveilles". L'auteur s'amuse en effet à multiplier les clins-d'oeil (lapin blanc, reine, armée de cartes...). Le conte de Caroll est vu comme une prophétie par les survivants. Je trouve cette idée très astucieuse et intéressante (un même livre, dans un contexte différent, prend des dimensions inattendues). 

J'ai découvert à la fin de ma lecture qu'il s'agissait du premier tome d'une trilogie. Pourtant, même si la fin est ouverte, il n'y a pas de réel cliffhanger. Je découvrirai cependant avec plaisir les tomes suivants quand ils seront traduits en français. 

En bref, cette lecture m'a beaucoup plu et m'a tenu en haleine. Si l'originalité n'est pas dans l'histoire qui n'évite pas quelques poncifs du genre, elle réside clairement dans le contexte et la richesse de l'univers dans lequel l'auteur place son récit. On est dans un livre de genre, divertissant et efficace mais aussi dans un roman initiatique et travaillé. 

22 juin 2016

Pax, tome 1 : les ténèbres avancent de Asa Larsson, Henrik Jonsson et Ingela Korsell (Slalom)



Résumé : Au sein de la petite ville de Mariefred, en Suède, se cache une étrange bibliothèque, que l’on dit habitée par des puissances magiques, et gardée depuis toujours par Magnar et Estrid. Mais lorsque des forces maléfiques s’y attaquent, le dévouement des deux vieux gardiens ne suffit plus… Alrik et Viggo, deux enfants malmenés par la vie, se révèlent être les guerriers attendus pour combattre ces forces obscures et inverser le cours des événements.


Je remercie les éditions Slalom de m'avoir permis de découvrir ce roman jeunesse via la plateforme NetGalley.

J'ai vraiment passé un très bon moment lecture avec Alrik et Viggo. On s'attache très vite à ses deux gamins (j'ai eu une petite préférence pour Alrik, aux ressentis plus profond, plus posé, moins fonceur que son jeune frère). On suit avec curiosité et plaisir les aventures des deux garçons. Même si certaines "ficelles" m'ont paru évidente (et m'ont rappelé qu'il s'agissait d'un livre jeunesse), un certain suspense se dégage de l'histoire et nous donne envie de continuer le récit. La fin donne d'ailleurs envie de découvrir le tome 2. L'intrigue n'est pas simpliste mais annonce un univers très riche, qui sera sans doute développé dans les prochains tomes. 

L'écriture est vraiment très bien. Fluide, facile à lire mais exigeante et riche. Elle entretient bien le suspense tout en rendant les personnages attachants et en exprimant leurs sentiments avec une certaine et appréciable profondeur. 

Le récit n'est pas ponctué d'illustrations classiques des livres jeunesses mais de véritables planches de BD qui illustrent les moments clefs. Je trouve que c'est une très bonne idée, très moderne. Elle pourra inciter des jeunes rétifs aux romans à passer le cap. 

En bref, ce roman est une réussite. L'histoire est adapté aux jeunes sans être simpliste. Les personnages sont profonds, le récit complexe et l'écriture exigeante. Voilà une série qui commence fort et qui prend au sérieux les jeunes lecteurs. 


12 juin 2016

Ces rêves étranges qui traversent mes nuits de Stéphanie Leclerc (Ecole des Loisirs)



 Résumé : Qu’est-ce qu’on va faire de toi ? Cette question, tout le monde se la pose à propos de Robin. Il vient d’être exclu du collège. Sa mère ne veut plus s’occuper de lui. Son père, pris entre son travail à l’imprimerie et sa nouvelle histoire d’amour, n’a pas beaucoup de temps à lui consacrer. Robin doit attendre le mois de septembre maintenant pour envisager une formation. Et c’est loin, septembre. D’ici la prochaine rentrée, Robin doit trouver à s’occuper. Il va souvent au cinéma, trouve des petites combines pour se faire un peu d’argent de poche et pouvoir manger au Bosphore, le kebab du coin. C’est là qu’il remarque une fille mystérieuse, aux yeux verts, qui enflamme son imagination. Mais il est peut-être en train de se faire des films…

J'ai découvert ce roman "ado" dans le cadre d'un office jeunesse professionnel... Et ça a été un énorme coup de coeur. 

L'écriture à la première personne du singulier est très fluide, très simple mais belle. Elle est juste. Et je crois qu'au delà de l'écriture, c'est ce qui qualifie le mieux ce roman : il est juste. Juste et subtil. Les situations et les personnages ne sont pas manichéens et, au risque de me répéter, sonnent juste. 

Je me suis très vite attachée au jeune Robin. Ses errances, ses conneries et son mal-être m'ont ému. Il est mal dans ses baskets mais ne sait pas vraiment pourquoi. Les autres personnages (son père, la copine de son père notamment) m'ont aussi ému dans leurs difficultés à communiquer avec lui. L'auteure a su décrire l'ennui et la solitude de cet adolescent. Car Robin est seul, personne ne croit en lui, même pas lui. Personne ne lui parle vraiment, pas par méchanceté mais parce que personne ne semble savoir quoi lui dire. Du coup, il a l'impression de ne pas être intéressant alors que ses réflexions sont très riches pour son âge. 
Même s'il est traité sans manichéisme j'ai trouvé le personnage de la mère qui baisse les bras très dur. Elle rejette son fils car elle ne sait plus communiquer avec lui. Le lien entre eux est brisé. Contrairement au père et à sa maladresse émotionnelle, je n'ai pas réussi à m'attacher à ce personnage. Elle croit aider son fils en l'écartant mais en fait cette décision semble très égoïste et enfonce Robin dans la spirale du manque de confiance en soi. Comment croire que l'on vaut quelque chose quand on est rejeté par ceux qui sont censés aimer inconditionnellement. 

Quelques événements du déroulement de l'histoire sont un peu prévisibles mais cela nous rappelle qu'on est dans un roman jeunesse. Cependant, sans pour autant être une surprise, je n'avais pas vu venir cette fin que j'ai trouvé très belle, très ouverte... Et j'adore les fins ouvertes...

En bref, un très beau livre qui parle de l'adolescence avec beaucoup de poésie et de justesse. Même si mon destin n'a rien à voir, j'ai retrouvé mon mal-être d'ado dans ce Robin. J'ai eu du mal à le quitter à la fin du livre. 

Citations : "Ma mère et moi avons été heureux ensemble jusqu'à ce que j'aie dix ans. Entre nous deux l'amour coulait de source. Après ça a été plus difficile, je ne sais pas pourquoi. Quand j'ai grandi, elle m'a moins aimé. Elle a dit de plus en plus souvent que je tournais mal. C'est plus facile de dire que les enfants tournent mal. D'ailleurs, c'est peut-être vrai. Quand on les aime moins, les enfants tournent mal."
"C'est curieux, mais ici personne ne me demande ce que je vais devenir, peut-être qu'il est évident que c'est ce que je suis en train de faire. Devenir. "



2 juin 2016

Les grandes jambes de Sophie Adriansen (ed. Slalom).




Résumé : Une histoire de collège et de complexes adolescents, d'amitié et d'amour, une histoire qui parle d'art, de Rembrandt, d'Anne Frank et d'un voyage inoubliable à Amsterdam...
Marion, collégienne en pleine croissance, est obsédée par la longueur de ses jambes qui n’en finissent pas de s’allonger, rendant la recherche d’un jean qui lui aille bien extrêmement délicate. A l’âge des complexes, des premiers émois amoureux et de la construction de l’image de soi, être hors cadre se révèle parfois difficile, voire douloureux. Comment attirer les regards de Grégory, dont elle est amoureuse, avec un pantalon qui lui découvre les chevilles ?
Mais alors que le collège part en voyage scolaire à Amsterdam, Marion profite de cette occasion pour élargir son horizon. Elle approfondit sa passion pour l’art, notamment en découvrant in situ le célèbre tableau La Ronde de nuit, et met en perspective ces contrariétés d’adolescente née après l’an 2000 en visitant la maison d’Anne Frank.

Ce roman jeunesse sortira le 9 juin prochain. Je remercie les éditions Slalom pour m'avoir permis de découvrir ce texte en avant première via la plateforme NetGalley. 

Ce court roman m'a beaucoup plu. J'ai beaucoup aimé la sensibilité de l'auteure qui rend le personnage de Marion très attachant. J'ai également trouvé que ce personnage de jeune adolescente sonnait "juste", ce qui n'est pas toujours le cas dans les romans pour et sur les ados. Sa façon de voir le monde, qui au début du récit se réduit à la cours du collège puis s'élargit au fil des pages et du voyage scolaire est très juste et très subtil. Ses complexes d'adolescente (taille, vêtement, popularité, garçon) sont subtilement traité et mélangé à des réflexions plus profonde sur l'art et la vie en général qui "élève" le lecteur. Car cette jeune Marion va grandir devant nos yeux. Et, au delà du "happy end", un peu convenu (mais il s'agit d'un roman pour de jeunes lecteurs, donc indispensable), on réfléchis avec elle sur le sens de la vie et sur ces moments qui nous on fait grandir. 

Le style est fluide et net mais pas enfantin. Le récit est bien rythmé, on ne s'ennuie pas et les évènements ne se précipitent pas. 

J'ai adoré des descriptions d'Amsterdam. On retrouve tout a fait l'atmosphère de cette ville. Quant à la description de la Ronde de Nuit de Rembrandt : je n'aurais qu'un mot : superbe. Cette scène est vraiment prenante. Je suis rentrée, avec Marion, dans ce tableau que j'aime tant. Et j'ai retrouvé le choc de sa découverte dans le musée.

Bref, un livre pour jeunes lecteurs (à partir de 10 ans, mais peut se lire beaucoup plus tard également) qui fait voyager, réfléchir, grandir... Une belle découverte. 

Citation : "Je franchis le sobre cadre de bois sombre, je plonge à l'intérieur, je fouille chaque recoin. Je suis dans cette rue, je me promène entre ces gens, les miliciens et les autres, je joue avec ces enfants, je les touche des yeux. Ils parlent une langue que je comprends."

15 mai 2016

La sorcière Ozordure de Hel et Lou (édition La marmite à mots)






Quatrième de couverture : La sorcière Ozordure aime respirer l'air pollué, vivre dans une déchetterie, s'habiller chez M'dame Poubelle, déguster des produits avariés. Quoi de plus naturel que d'avoir élu domicile sur Terre pour satisfaire toutes ses envies ? Les Hommes maltraitent leur planète depuis si longtemps... Que c'est un véritable régal pour Ozordure !! Mais les temps changent et la révolte de Dame Nature gronde...


J'ai découvert cet album dans le cadre d'un office jeunesse professionnel.

C'est un très très bel album !! Les images en collage avec des matières et des textures réaliste sont magnifique. Et l'histoire est très poétique et inventives. La lecture est ponctué de clin d'oeil qui feront sourire les plus grands (Mr Paul Empoil). Un album parfait pour aborder avec les enfants les sujets de  l'écologie, de la pollution, des déchets, des menaces climatiques... Cet album fera aussi réfléchir les adultes, sans nul doute...

Bref un album coup de coeur à mettre entre toute les mains !!

8 mai 2016

Les Trop Nul : Sauve qui poux ! de Teresa Solana et Alex Roca (ed. Hachette Romans)



Quatrième de couverture : Panique à bord ! Des poux ont envahi le Diplodocus, une énoooooorme navette spatiale en forme de dinosaure. Pour une fois, ce n'est pas la faute de Bernard et Roger, qui habitent dans la navette et qu'on surnomme les Trop Nuls. Bernard et Roger aiment faire des bêtises, ça c'est sûr. Mais, quand l'invasion de poux à commencé, ils étaient occupés à embêter les filles de la Commandante de bord. Ca ne peut donc pas être eux les auteurs de cette mauvaise farce. Qui alors? Les passagers ne savent plus où donner de la tête : comment faire face à une attaque de poux quand on se trouve au beau milieu de l'univers?

J'ai eu l'occasion de lire ce roman junior dans le cadre d'un office jeunesse professionnel. Chose originale : il s'agit d'un livre à colorier : les illustrations sont toutes en noir et blanc et les enfants sont invités à les colorier. Cependant elles peuvent aussi très bien rester en noir et blanc.

L'histoire en elle-même est très amusante. Les deux héros sont attachants et plein d'inventivité. On adore détester les quatre petites pestes. Le récit est pas mal ficelé et plein d'imagination. L'auteur crée un univers très riche.
Les jeux réalisés avec la police de caractère est très bien pensé et rythme la lecture.

Je regrette un peu la fin qui est un peu (trop) rapide à mon gout. De plus, il y a un grand nombre de personnages (près de 20) et tous ne sont pas exploités... Mais je pense que ça s'explique par le fait qu'il s'agit de la première histoire d'une série où l'on va suivre les personnages dans d'autres aventures.

Bref un roman junior très amusant et que même les adultes prendront plaisir à découvrir.

28 avr. 2016

Immaculée de Katelyn Detweiler (Robert Laffont - Collection R)



Résumé : Première de classe, bien dans sa peau et dans sa famille, Mina sort avec le garçon le plus ambitieux du lycée. Mais le jour où elle se découvre enceinte - alors qu'elle n'a jamais fait l'amour -, son monde bien ordonné chavire. Personne ou presque ne croit en sa virginité. Pour son père, le coupable est son petit-ami ; ce dernier, lui, est persuadé qu'elle l'a trompé. L'histoire de la grossesse de Mina va se répandre comme une traînée de poudre. Pour certains elle est une hérétique, tandis que, pour d'autres, les miracles sont possibles et l'enfant à naître de Mina sera le plus grand de tous... Et vous, dans quel camp vous rangerez vous ?


Autant le dire tout de suite, je n'ai pas du tout apprécié cette lecture. J'ai lu environ les 100 premières pages et les deux derniers chapitres de cette histoire.

Si le style de l'auteure ne m'a pas dérangé et est plutôt fluides et agréable à lire, c'est bien l'histoire en elle-même qui m'a profondément énervée.

J'ai trouvé relativement intéressante la partie sur la réputation de la jeune fille, comment la nouvelle de cette grossesse se répand, notamment via le media internet et les passions qu'elle déchaîne. C'est une analyse assez pertinente de notre société ultra-connectée et dans laquelle il faut avoir un avis su tout, tout de suite. Cependant, pour moi, cela ne suffit pas à sauver le livre.

Les références à la religion omniprésente ainsi que les interrogations religieuses de l'héroïne m'ont profondément gêné. Le fantastique, ici, ce résume au miracle religieux (et chrétien). Le fait que l'héroïne doit se soumettre, doit accepter et prendre comme un "miracle", comme un "don", ce qui lui arrive m'a mis mal à l'aise.
Mais au delà de ça, je pense que c'est le personnage de Mina qui m'a profondément agacé. Il s'agit d'une jeune fille brillante de 17 ans dont le seul but dans la vie, au début du roman, est de suivre son copain, brillant lui aussi, où qu'il aille, quoi qu'il fasse... L'arrivée "miraculeuse" de sa grossesse remet bien entendu tout en cause. Mais là, quand la question de l'avortement se pose (très brièvement d'ailleurs alors qu'elle ne connait pas l'origine de sa grossesse qui pourrait être un viol à son insu), elle déclare qu'elle a le sentiment de ne pas avoir le droit de faire ça... Je trouve que placer des propos comme cela dans un livre destiné à la jeunesse est inquiétant. Même s'il ne faut pas minimiser l'es conséquences d'une telle décision, la femme reste la seule et unique maîtresse de son corps et elle seule peut en disposer comme elle le veut. Le roman est une suite de cliché et d'idées d'un autre temps et ne sers définitivement la cause des jeunes femmes du XXIème siècle.

En bref, et sans m'attarder, j'ai trouvé ce roman pseudo-fantastique pétri d'une idéologie vieillotte concernant les femmes et la société.


19 avr. 2016

Le contrat Salinger d'Adam Langer (Super8 éditions)



Résumé : Journaliste désabusé, Adam Langer retrouve un jour une vieille connaissance : Conner Joyce, auteur de thrillers en perte de vitesse en pleine promotion de son dernier roman. Ce dernier lui confie avoir reçu une offre ahurissante : un homme d’affaires richissime, lui a proposé d’écrire un roman rien que pour lui moyennant une somme colossale. Seule particularité, le contrat s’assortit de certaines clauses assez particulières :
1/ le livre rejoindra la collection privée d’exemplaires uniques de l’homme d’affaires, pour lequel ont déjà travaillé des écrivains aussi prestigieux que Thomas Pynchon, Norman Mailer ou J. D. Salinger… et n’en sortira jamais.
2/ Le propriétaire se réserve le droit d’exiger de l’auteur quelques modifications de son cru.
3/ l’accord doit rester absolument secret.

Bientôt, et tandis qu’un Conner visiblement aux abois s’obstine à tout raconter à son ami – lequel se passerait bien de ces révélations –, l’histoire prend une tournure des plus inquiétantes : l’offre n’a évidemment rien de philanthropique, et le contrat désormais signé aura des conséquences imprévues.


J'ai découvert ce livre grâce à mon partenariat avec la plateforme pour lecteurs professionnels NetGalley. Je remercie les éditions Super8 pour leur confiance et pour m'avoir permis de découvrir ce roman. 

Ce polar m'a vraiment plu. Il est très efficace, très malin. Toute l'intrigue à suspense nous est racontée par le narrateur, qui a le même nom que l'auteur (Adam Langer), et elle lui est racontée par l'écrivain (fictif) Conner. Tous le roman plane dans l'incertitude du vrai et du faux... Est-ce une histoire vraie? Est-ce que Conner raconte la vérité au narrateur? L'auteur semble s'amuser avec nous et nous, lecteurs, nous en amusons. Par exemple, Conner est réputé dans ces thrillers pour ses descriptions très détaillées et très précises donnant un aspect très "vrai" à ces enquêtes. Or, le roman lui-même est truffé de descriptions et de faits très précis (et exacts) : nom d'auteurs réels, description de la ville de Chicago et notamment d'un bar en particulier... On s'y croirait, et du coup on est, comme le narrateur, bien en peine de distinguer la vérité du roman. J'ai, à plusieurs reprise, été voir sur internet s'il s'agissait d'un fait "vrai" ou d'un fait "de fiction". 

J'ai trouvé l'histoire très originale également. Il est amusant de voir un auteur de polar se retrouver, comme ses héros, au coeur d'une intrigue. 
L'écriture est très précise, les descriptions très fluides et les chapitres assez courts. Attention, ce livre est très dur à lâcher. Même si le suspense n'est pas insoutenable on est poussé par la curiosité et on veut savoir la suite et démêler le vrai du faux. 

On trouve aussi en filigrane du roman, un questionnement plus profond : un écrivain écrit-il pour écrire ou pour être lu? Vaut il mieux écrire un bon livre lu par une seule personne ou plusieurs moins bien dans l'espoir que des centaines de personnes les liront? L'auteur est-il responsable des actes inspirés par son livre?

Je mettrai un petit bémol néanmoins sur la fin de l'histoire : cette fin est double puisqu'on a la fin de l'histoire de Conner telle qu'il la raconte à Adam Langer puis la fin proprement dite du livre, qui est ce que le narrateur fait avec cette histoire. La fin de l'aventure de Conner m'a un peu déçu (un peu rapide) mais elle reste dans le questionnement du "dit-il la vérité?". Cependant, si certaines révélations sont bien surprenantes et bienvenues, l'épilogue m'a fortement déçu. J'aurai préféré une fin ouverte à ce récit, une fin qui nous aurait laissé dans le trouble qui nous suit tout le roman. 

En bref, j'ai passé un très bon moment en lisant ce polar très efficace et très original même si la fin m'a un peu déçue. 

Citation : "Et donc nous étions là, casquettes sur la tête, deux quadras en slip de bain discutant en plein cagnard et sirotant nos eaux gazeuses, au bout de cette piscine où on avait pied, dans notre Hilton de West Lafayette avec vue sur l'autoroute, comme deux caïd en train d'organiser un deal. Dans nos rêves, ouais. En réalité, on devait plus ressembler à deux pères de famille au bout du rouleau qui attendaient leurs enfants pour aller dans l'eau."

15 avr. 2016

La liseuse de Paul Fournel (Folio)



Quatrième de couverture : Robert Dubois, éditeur de la vieille garde, se voit remettre une liseuse par une stagiaire. Quelque chose couve qui pourrait être une révolution et cette perspective le fait sourire.

Ce court roman (moins de 200 pages) m'a intéressé quand j'en ai entendu parlé car il semblait traiter des changements, des "révolutions" lié au développement de la lecture numérique. Ce thème et les débats qui en découlent sont d'actualités et j'espérais que cette lecture pourrait, agréablement, me sensibiliser à cette problématique. 

Concernant, l'histoire, la liseuse n'est que le début de le démarrage. L'éditeur "à l'ancienne" va découvrir au contact d'un groupe de jeune stagiaire une nouvelle vision du métier (nouveaux auteurs, importance de l'image des auteurs, applications pour téléphone...). Cependant, le personnage n'est pas du tout hostile. Même s'il est un peu largué, il prend tout cela avec humour et s'amuse beaucoup. 

Ce livre est une passionnante plongée dans le métier d'éditeur, de ce qu'il était et ouvre des perspectives sur ce qu'il devient. Le rapport entre éditeur et auteur est aussi bien traité avec plusieurs personnages haut en couleur. L'écriture est assez original et le découpage des chapitres m'a parfois surprise (au beau milieu d'une phrase...). Mais à la fin du livre, l'auteur explique qu'il a construit son récit en  sextine (forme poétique du 12è siècle très codifiée). J'aurai aimé que cette indication se trouve au début du livre pour pouvoir en profiter pendant ma lecture et non pas à posteriori... Dommage !!

J'ai trouvé que les sentiments du personnage n'était pas assez exprimé. Le texte est écrit à la première personne mais on n'a du mal à comprendre ce qu'il ressent (affection, amour, amitié, déception...). De ce fait, on ne comprend pas toujours les motivations du personnage. De même, les sentiments/motivations/caractères des autres personnages (notamment des auteurs qui sont de vieilles connaissances du héros) restent assez obscurs et on a du mal à s'attacher à eux. Par exemple, la relation entre le personnage et Valentine aurait pu être très trouble et riche : attirance, amitié, admiration, paternalisme... Mais tout cela reste superficiel. 

Le dénouement (7 pages) est très fort et très surprenant. Il m'a émue. En refermant le livre j'ai regretté que l'ensemble du livre n'ai pas été si fort que les dernières lignes...

En bref, un livre intéressant par son thème et sa forme mais l'auteur ne fait, à mon goût, pas subir une introspection suffisante à son personnage.

Citation : "Maud est partout en photo. Son livre l'a inventée. Elle est un nouveau personnage (...). Il l'a rendue belle.". 

20 mars 2016

Techno Faerie de Sara Doke (ed. Les moutons électriques)


Quatrième de couverture : Les fées ont cessé de se cacher des hommes : elles sont revenu et bon an mal an l'univers de la Faerie s'est intégrées à la société technologique. Depuis les premiers contacts d'enfants-fae avec la civilisation de l'automobile jusqu'aux premiers voyages spatiaux, ce livre conte l'histoire d'une évolution différente de notre monde. 

Ce roman, mélange de fantasy et de SF est très étrange et envoutant. Sa structure narrative est assez complexe et originale. Le temps s'écoule de manière chronologique (depuis la décision des faes de se révéler aux humains jusqu'à la collaboration pour la conquête commune de l'espace) mais pas linéairement. Chaque chapitre offre un point de vue différents (fae ou humain mais jamais le même personnage) et une forme différente (récit, lettres, monologue, articles de presse...). C'est donc au lecteur de reconstituer les lacunes pour suivre la destinée des personnages dont on a des nouvelles ponctuellement. Au début de ma lecture, j'ai cru qu'il s'agissait d'un recueil de nouvelles, puis peu à peu, l'ensemble et les liens se sont dessinée. Il faut être patient et attentif mais une fois dans l'histoire, il est impossible de le lâcher avant les dernières pages. 

L'écriture est très belle, parfois poétique, très fluide. 

En négatif, je dirais que le beau dossier illustré à la fin (chaque espèce de fae y est détaillé) n'est pas exploitable pendant la lecture. A plusieurs reprise j'ai essayé de chercher la fiche sur la fae apparue dans le récit mais faute de renvoi clair, j'ai vite arrêté, d'autant que ça me coupait dans ma lecture. 
D'autre part j'ai trouvé que la morale écolo (les hommes détruisent la planète, les faes doivent intervenir car elles vivent en symbiose avec la nature) n'est pas très subtile. En revanche, le (très bel) éloge du multiculturalisme, sa richesse et son pouvoir, se lit subtilement en filigrane et prend tout son sens lors du dénouement. 

En bref, une très belle et étrange découverte. Un livre qui me marquera et dont je suis sorti à regret...

Citation : "Je sais que tu ne me crois pas. Je sais que je te fais peur. Je sais que tu penses que je te tends un piège. Mais ne rejette surtout pas tout ce que je t'ai dit. Pour le môme. Fais le pour le môme."

16 mars 2016

Esther et Mandragore - Une sorcière et son chat de Sophie Dieuaide (Ill. Marie-Pierre Oddoux) (ed. Talents Hauts)



Histoire : La petite sorcière Esther est envoyé en "stage" d'observation dans le monde des humains avec son chat, et meilleur ami, Mandragore. Elle va devoir aider une petite fille à retrouver son chat mais... Attention... sans utiliser la magie!!

Un petit roman pour les enfants de 8 à 12 ans qui se lit vite et bien. L'histoire est très amusante avec de belles trouvailles. Notamment dans les décalages entre les deux mondes : la petite Esther ne connait ni la télé, ni les imprimantes, ni les autobus... Elle ne comprend pas pourquoi les chats ne parlent pas ni pourquoi il y a tant d'homme (et oui dans le monde des sorcière... pas d'hommes). On retrouve aussi avec plaisir le monde de la sorcellerie avec potions magiques aux ailes d'insectes grillés et formules magiques. 
La fin est cependant décevante et trop rapide à mon gout. L'aventure du chat disparu est résolu mais il n'y a pas de chute... Dommage!!

En bref : un amusant petit roman pour les plus jeunes avec de bonnes trouvailles. 

Citation : "Ce monde est si étrange ! On dirait, par exemple, que les humains ne fabriquent rien. Ils ne cousent pas leur vêtements, ils ne font même pas leurs chaussures. C'est incroyable !"

15 mars 2016

Cui cui de Marine Rivoal (Edition du Rouergue)




Résumé : Au milieu des animaux, l'étoile de mer s'ennuie car elle ne peux pas jouer avec eux. Les animaux s'amusent à s'imiter : le crocodile imite l'autruche, l'éléphant imite le singe...

Il s'agit ici d'un album pour les enfants à partir de 3 ans. Il y a très peu de texte et l'histoire est assez courte.

Cet album est très beau. Les illustrations, toute dans la même gamme de coloris sont très beaux, très originaux et très fouillés. Le texte fait aussi partie de l'esthétique avec des changements de couleurs ou de taille.

L'histoire est très amusante. On s'amuse avec les oiseaux à deviner quel animal est mimé... La chute est très belle et poétique.

En bref : un très bel album, très bien illustré avec une histoire amusante qui plaira aux enfants et aux adultes qui leur liront!!

Citation : "Quelle cacophonie chez les cacatoès !"

6 mars 2016

L'intérêt de l'enfant de Ian Mc Ewan (Gallimard)



Quatrième de couverture : A l'âge de cinquante-neuf ans, Fiona Maye est une brillante magistrate à la Haute Cour de Londres où elle exerce en tant que spécialiste du droit de la famille. Passionnée, parfois même hantée par son travail, elle en délaisse sa vie personnelle et son mari Jack. Surtout depuis cette nouvelle affaire : Adam Henry, un adolescent de dix-sept ans atteint de leucémie, risque la mort et les croyances religieuses de sa famille interdisent la transfusion sanguine qui pourrait le sauver. Avant de rendre son jugement, Fiona décide soudainement de se rendre à l'hôpital pour rencontrer Adam. Mais cette entrevue, au cours de laquelle elle découvre un jeune homme romantique, poète et musicien, la trouble. Désormais impliquée personnellement, la magistrate décide de tout faire pour sauver Adam. Seulement sa décision n'est pas sans conséquences et elle se retrouve unie au garçon par un lien étrange qui pourrait bien causer leur perte.
Dans ce court roman, Ian McEwan allie avec justesse la froideur de la justice à la poésie et à la musicalité qui imprègnent la vie des personnages. Dans un style limpide, il construit une de ces ambiances oppressantes dont il a la clé et fait preuve d'une complexité thématique impressionnante. A la lecture, les certitudes se dérobent : où s'arrête et où commence l'intérêt de l'enfant ?

J'ai reçu ce livre à Noël. Je l'avais ajouté à ma wish list suite à la lecture des premières pages dans un numéro du magazine Lire. 

J'ai vraiment apprécié cette lecture même si ce n'est pas un coup de coeur. 
Le sujet est très intéressant et très documenté (la vie d'un juge pour enfant britannique, son quotidien, les décisions qu'il doit prendre). Cependant, la force du livre est l'écriture et l'expression des sentiments, des ressentis, des hésitations de l'héroïne. Même si c'est un personnage très sérieux et froid, on s'attache immédiatement à elle. Ses doutes, son manque d'assurance parfois, sont très bien exprimés. Tout est vu par son ressenti, son regard. Elle s'attache au jeune Adam, on s'attache au jeune Adam. Elle déteste son mari infidèle, on le déteste. Elle pardonne à son mari et retombe amoureuse, on s'attache à lui...
On pressent la fin, tout comme l'héroïne mais on refuse de l'admettre ce qui fait qu'elle est tout même surprenante...

En négatif, je dirais que malgré le sujet ce n'est pas un texte fort et poignant sur "l'intérêt de l'enfant" mais, comme on le comprend au fil du livre, un roman sur un moment de la vie d'une femme. Ce n'est pas le livre auquel je m'attendais et cela m'a surprise. 

Bref, c'est un très beau roman, très bien écrit. 

Citation : "Fiona resta plantée là, le regard fixé, sans raison particulière, sur l'assiette de hors-d'oeuvre préparée par son mari, et par chance l'esprit vide. La musique qu'elle venait de jouer ne résonnait pas dans sa tête comme c'était le cas d'habitude. Elle avait oublié le concert. S'il était neurologiquement possible de ne pas penser, elle n'avait aucune pensée. Plusieurs minutes passèrent. Impossible de savoir combien. Un bruit la fit se retourner. Le feu agonisait et s'écroulait dans l'âtre."

20 févr. 2016

Au revoir Monsieur Eco








J'ai appris ce matin avec beaucoup de tristesse le décès d'un grand monsieur : Umberto Eco.

Je n'ai pas lu assez de livres de lui : "Le nom de la Rose" et "Le Pendule de Foucault" (deux livres que j'ai lu trop tôt pour pouvoir les apprécier à 100%) et "Histoire de la Beauté" et "Histoire de la Laideur"...

"Le Pendule de Foucault" a été pour moi une des lectures les plus marquantes de ma vie. Je l'ai emprunté sur les étagères de ma mère quand j'avais 12 ou 13 ans. Je l'ai commencé une fois et l'ai abandonné... Je l'ai repris quelques mois plus tard puis ré-abandonné... J'ai finis pas le lire en entier un ou deux ans plus tard. Je pense que j'étais encore un peu jeune car je ne l'ai pas compris entièrement... Cependant, cette lecture (et même mes tentatives avortées) m'a fascinée... Je ne sais pas si vous connaissez cette exquise sensation : être fasciné par une chose (oeuvre d'art, livre ou film) qu'on n'a pas compris... Saisir la grandeur, la beauté, le génie sans réussir à comprendre le propos...


Et si je me replongeait dans "Le Pendule"...

Défi de février - Pocket Jeunesse.

Voila le défi lancé par les éditions Pocket Jeunesse sur leur site pour ce mois de février... Je vais essayer d'en réaliser un maximum...

1) Lire un roman d'un auteur français
2) Se confectionner son propre marque-page
3) Acheter un nouveau livre
2 livres achetés au Furet du Nord : "la liseuse" de Paul Fournel et "la couleur pourpre" d'Alice Walker. 
4) Acheter un livre Pocket Jeunesse
5) Conseiller un livre à quelqu'un
Tous les jours au travail...
6) Découvrir un nouvel auteur
Dans les deux livres que je suis en train de lire : Ian McEwan et Alice Walker. 
7) Se faire conseiller un livre
Ma wish list s'est bien rallongée...
8) Lire un livre avec une histoire d'amour (Saint Valentin oblige)
9) Lire un livre sans histoire d'amour
"L'intérêt de l'enfant" de Ian McEwan qui commence par une rupture...
10) Lire un livre de plus de 350 pages
11) Partager son avis sur un livre Pocket Jeunesse sur les réseaux sociaux avec Pocket Jeunesse (sur Facebook: Pocket Jeunesse, sur Twitter: @pocket_jeunesse, sur Instagram: @pocket_jeunesse)
12) Avoir un coup de cœur
13) Se rendre en librairie
14) Poster une photo de sa lecture sur les réseaux sociaux
15) Lire un livre Pocket Jeunesse
16) Lire un 2e livre Pocket Jeunesse
17) Lire un roman qui se passe en hiver
18) Lire un livre qui comporte des illustrations
19) Lire un tome 2
20) Lire dans une salle d'attente
A l'aéroport.
21) Lire plus de 3h d'affilée
Dans l'avion.
22) Rire grâce à un livre
"La Voleuse de livre" de Markus Zusak
23) Pleurer à cause d'un livre
"La Voleuse de livre" de Markus Zusak
24) Lire un livre de votre PAL
"L'intérêt de l'enfant" de Ian McEwan
25) Lire dans les transports
Dans l'avion.
26) Commencer un nouveau livre aussitôt le précédent terminé
"L'intérêt de l'enfant" de Ian McEwan
27) Lire au moins un livre de plus qu'en janvier
28) Voir l'adaptation d'un roman (film, série...)
GOT, Nos étoiles contraires, La cinquième vague.
29) Lire tard le soir (ou tôt le matin)
Tous les soirs...

4 févr. 2016

La voleuse de livre de Markus Zusak (e-book)



Quatrième de couverture : Leur heure venue, bien peu sont ceux qui peuvent échapper à la Mort. Et, plus rare encore, ceux qui réussissent à éveiller Sa curiosité. Liesel Meminger y est parvenue. Trois fois cette fillette a croisé la Mort et trois fois la Mort s'est arrêtée. Est-ce son destin d'orpheline dans l'Allemagne nazie qui lui a valu cet intérêt ? Ou sa force extraordinaire face aux événements ? A moins que ce ne soit son secret... Celui qui l'a aidée à survivre et à même inspiré à la Mort ce jolie surnom : la Voleuse de livres...

J'avais déjà entendu parler de ce livre, notamment lors de la sortie du film éponyme il y a quelques années. C'est en entendant à son sujet des critiques élogieuses sur le web (Babélio, BookTube) que j'ai eu envie de découvrir ce livre. 

J'ai vraiment adoré ce livre, c'est un réel coup de coeur, une lecture qui me marquera durablement. En le refermant, j'étais triste de l'avoir terminé, j'aurai voulu resté en compagnie de Liesel, Rudy et Hans... 
Même si le sujet est très connu : l'Allemagne nazie est un thème très souvent abordé dans de nombreuses fictions et documentaires (ce n'est pas un reproche...) ; ce livre apporte un regard différent de ce que j'ai pu lire jusque là. Même si ce n'est pas un témoignage ou une histoire vraie, le livre est très bien documenté et le personnage de Liesel incarne à la perfection le destin d'une fillette à cette époque. Le sujet n'est pas l'holocauste ou le théâtre des opérations armées, mais le quotidien d'une famille allemande et comment leur vie est affectée par la guerre, par le régime nazi, par l'holocauste, par les bombardements alliés... Ce livre parle donc au lecteur de cette période historique en particulier mais il parle également de manière plus universelle de comment une jeune fille peut se construire dans un monde de violence, de folie, de haine et de guerre. Comment elle arrive malgré tout à s'y construire une vie, des rires, des joies... C'est l'histoire d'une survivante. Bref tout cela fait bien souvent écho à notre monde, à ce que l'on voit dans les infos chaque jour, tout en nous racontant le passé. 
L'auteur utilise un artifice de narration qui peut paraitre un peu surfait à la base mais qui au fil du livre s'avère très pertinent : en effet, le narrateur de l'histoire est la Mort qui croise plusieurs fois le destin de Liesel et qui raconte son histoire de manière linéaire mais en faisant des digressions temporelles. C'est un des tours de force de l'auteur : il nous présente un personnage, nous dit comment il va mourir, nous le rappelle tout le long du récit (il va mourir hein, vous vous souvenez) et finalement, quand le personnage meurt, on est quand même secoué par l'émotion. De plus, choisir la Mort pour nous raconter cette période où elle était omniprésente en Europe est un bon choix. L'incarnation de la Mort est loin du stéréotype et elle possède parfois plus d'humanité que les humains de cette époque ; sans pour autant faire preuve de pitié...

En négatif, je dirai que j'ai été gênée au milieu du roman, quand le personnage de Max arrive car le rythme change brutalement. Il devient plus lent, plus répétitif avant de repartir en s'accélérant après le départ de Max et en montant en intensité jusqu'au dénouement. Sur le moment, cela m'a dérangé, mais en regardant l'histoire dans sa globalité, ce moment correspond à une parenthèse heureuse et calme pour Liesel avant que tout ne s'effondre.

En bref, ce livre m'a plu du début à la fin. La fin est vraiment d'une violence inouïe, très triste. La décharge émotionnelle est très forte et je n'ai pu m'empêcher de verser une larme (ce qui est rare en lecture pour moi). 

Citation : "Une définition absente du dictionnaire : ne pas s'en aller : un acte d'amour et de confiance que les enfants savent traduire". 

Liste de février 2016







Ce mois ci, j'ai prévu de lire :


  • L'intérêt de l'enfant de Ian McEwan (Gallimard - Collection du monde entier)
  • Le maître des Livres, T.1 d’Umiharu Shinohara (Komikku éditions).
  • The Walking Dead, T.6, Vengeance de Robert Kirkman et Charlie Adlard (Delcourt - Contrebande).
  • La couleur pourpre de Alice Walker (Robert Laffont - Pavillons poche).

27 janv. 2016

D'Herbe et de Paille de Pierre Zylawski (Le Riffle)



Quatrième de couverture : "De la disparition  de son Damien, Félicie ne s'en remet pas. Elle est même loin de faire son deuil, comme on dit. C'est au-dessus de ses force, bien au-dessus de ce qu'elle peut essayer d'imaginer au point que c'en est presque contre nature ! Aussi, en dernier ressort, conçoit-elle un subterfuge qui lui permet de remonter le temps... et cette illusion un peu folle de révèlera particulièrement bénéfique ! 
Dès ce premier récit auquel le recueil doit son titre, le ton est donné. Dans le sillon des existences ordinaires qu'il relate, l'ouvrage déroule, avec concision  et à-propos, des histoires individuelles ou des fragments de vies qui pourraient presque se terminer en proverbes ou en dictons. En l'occurrence, les personnages en ressortent souvent grandis ou apaisés... Est-ce que le temps, perçu comme destructeur, n'est pas aussi cet architecte qui construit les héros du quotidien ? Mais attention, toutes les âmes ne sont pas nécessairement vertueuses..."

L'auteur de ce recueil de très courtes nouvelles (3 à 4 pages), conçues à la base pour être des histoires courtes lues à la radio, est Pierre Zylawski et est originaire du Nord. Il doit intervenir lors d'une animation dans la médiathèque où je suis bénévole et c'est dans ce cadre que je l'ai découvert et que j'ai lu ce livre.

Mon avis est très mitigé. Le format de ces histoires est pour moi très périlleux. Il faut accrocher le lecteur en très peu de temps et le mener dans le fil de l'histoire jusqu'au dénouement en quelques paragraphes seulement. Si quelques histoires m'ont vraiment plues, la plupart m'ont déçues et notamment les dénouements. Certaines histoires arrivent à toucher une certaine poésie, très simple, très subtil, très quotidienne, concernant la vie de couple ou de famille, c'est celle là qui m'ont plues. L'auteur à une capacité certaine à rentrer dans la peau de personnages très divers, parfois très attachants : femme âgée, jeune homme, enfant, tueur... Il diversifie également les genres : roman "terroir", récit à la première personne, romance, polar...Néanmoins, on retrouve son style tout le long du livre.  Il arrive également (parfois) à surprendre avec une fin inattendue. En revanche parfois, on devine la fin très vite ou alors même si on ne s'y attends pas, elle tombe totalement à plat tant l'artifice pour la rendre surprenante sonne faux. Parfois également le style est un peu lourd, avec de nombreux effets de style ou de métaphores qui sur un si court récit rendent la compréhension difficile.

En résumé, une lecture mitigée (j'ai bien aimée 10 nouvelles sur les 18 du recueil). C'était une lecture distrayante (pour les nouvelles aimées) mais le format-nouvelle ne m'a pas particulièrement séduite. Trop courte pour installer une intrigue complexe, des personnages à peine esquissés... Le temps de s'y attacher, le texte est déjà fini et nous laisse le plus souvent sur notre faim. Je dois lire un autre livre du même auteur dans le cadre de l'animation et j'ai hâte de le découvrir dans un vrai roman...

Citations : "Le sourire commercial ! Pour moi l'un des pires ! C'est le sourire du fric, de la convoitise, de la bêtise." (Souriez, on vous regarde).
" En l'absence de cris, des rires, des jeux enfantins, des rougeoles et des devoirs le soir, le silence s'invita, prit bien vite ses aises et de l'épaisseur, s'ancra dans le quotidien, le nécessaire." (Une étrange lueur). 

24 janv. 2016

En finir avec Eddy Bellegueule d'Edouard Louis (Points)


Quatrième de couverture : "En vérité, l'insurrection contre mes parents, contre la pauvreté, contre ma classe sociale, son racisme, sa violences, ses habitudes, n'a été que seconde. Car avant de m'insurger contre le monde de mon enfance, c'est le monde de mon enfance qui s'est insurgé contre moi. Je n'ai pas eu d'autre choix que de prendre la fuite. Ce livre est une tentative pour comprendre."

J'avais entendu parler de ce récit (en bien) à la radio lors de sa sortie et cette histoire m'avait interpellée. Un jour, à la gare, en attendant un train en retard, j'avais lu les premières pages qui m'avaient laissées une grande impression. Elles se passent dans un collège, où le narrateur se fait violemment agresser par deux élèves plus vieux que lui. Sans rentrer dans les détails, cette scène m'a renvoyée à ma propre histoire (beaucoup moins tragique, fort heureusement). J'ai, en effet, vécu un petit enfer dans un collège rural où la violence et l'intolérance régnaient en maître. Lorsque j'ai re-croisé ce livre en édition de poche, je n'ai pu me retenir de l'acheter ; un véritable achat compulsif...

Mon avis au terme de la lecture est assez mitigé. J'ai trouvé le récit très inégal. Certains moments sont très forts (et souvent d'une très grande violence) et l'auteur réussi à nous plonger au coeur de l'action, au coeur du sentiment, de l'émotion. J'ai notamment trouvé les scènes de harcèlements au collège ou encore de confrontations avec ses parents et son frère, très "justes", très "vraies". Je mets ces termes entre guillemets car il est difficile de savoir à quel point le récit est romancé par son auteur. D'autres moments sont plus laborieux et font vraiment tourner l'histoire en rond. L'éveil à sa sexualité m'a particulièrement rapidement lassé. Je trouve d'ailleurs le style de l'écriture beaucoup moins percutante, moins travaillée, sur ses passages. 

Je l'ai également trouvé très dur avec ses parents alors que, dans son histoire, on sent leur amour pour lui transparaître. On sent qu'il n'est pas dans l'apaisement contrairement à ce que la quatrième de couverture laisse paraitre. 

On a l'impression que quelque fois les événements, les sentiments sont tournés à son avantage. On sombre parfois un peu trop dans l'apitoiement, dans le voyeurisme de la misère... Je regrette qu'il n'est pas plus mis en avant une bataille, une lutte de sa part pour "s'en sortir"... Il est présenté comme quelqu'un qui subit ce qui lui arrive et je trouve ça dommage. Son récit aurait peut-être été moins "autobiographique" mais peut-être plus fort, plus percutant. Une sorte de "Mathilda" (roman de Roald Dahl) ou de "Billy Elliot" (film de Stephen Daldry) ou encore de "La vie est un long fleuve tranquille" (film d'Etienne Chatillez) plus trash et moins "tout public" mais distillant néanmoins un souffle d'espoir et de rêve... C'est un peu ce que j'attendais en lisant ce livre et que je n'ai pas eu. 

En résumé j'ai bien accroché au début du livre, très violent, très percutant, très juste mais au fil du livre, je me suis lassée. Certain passage tournent vraiment en rond et tombe un peu dans le voyeurisme. Le narrateur (l'auteur) n'est pas très attachant avec sa colère et son absence de combativité. Il ne s'érige pas en révolutionnaire combatif mais plus en martyr. 

Citation : "Comment la fuite a d'abord été vécue comme un échec, une résignation. A cet âge, réussir aurait voulu dire être comme les autres. J'avais tout essayé. " (p.184)

16 janv. 2016

Walking Dead, T.5, Monstrueux de Robert Kirkman et Charlie Adlard (Delcourt)


Cinquième tome de la série de comics américains cultissimes (notamment depuis la série télé d'AMC). 

On y suit les aventures d'un petit groupe d'hommes et de femmes dans un monde apocalyptique peuplé de zombies mais également d'autres rescapés parfois plutôt hostiles. 

Dans le tome 5 (attention si vous n'êtes pas à jour), le petit groupe trouve refuge dans une prison et fait la rencontre du sinistre gouverneur qui est à la tête d'une petite communauté de survivants. Cette rencontre aura d'atroces conséquences pour Rick, Michonne et Glenn. 

J'ai commencé la série de comics après avoir découvert la série télé. J'adore la série qui est très puissante et que je classe dans les séries qui m'ont durablement marqué. Les histoires de zombies (films, séries ou littérature) m'ont toujours profondément affecté, beaucoup plus que le reste du genre "horreur". Je ne sais pourquoi ces mondes apocalyptiques, où vivre se résume à lutter sans espoir, éveillent en moi des angoisses profondes. D'autant plus qu'en général, ces oeuvres soulèvent la thématique de la déshumanisation des survivants qui deviennent "pires" que les zombies... Paradoxalement, c'est un thème qui m'attire énormément (l'humain n'est-il pas, par nature, attiré par ce qui lui fait horreur ?)

J'ai bien apprécié le tome 5. Le rythme ne se ralentit et ne lasse pas de tomes en tomes. Les événements sont bien mis en place, en prenant le temps qu'il faut pour bien surprendre le lecteur sans lui donner envie de lâcher le livre avant le dénouement. On lit l'ensemble en très peu de temps, on est surpris, on est triste... On ne sourit que rarement, c'est quand même très sombre... On lit tellement rapidement pour suivre l'intrigue qu'on ne prend pas suffisamment le temps de profiter des magnifiques illustrations en noir et blanc... Moi l'adepte de la lecture - trop - lente, je reviens souvent en arrière pour regarder les détails du dessin, une fois que le suspense de l'action est achevé. 

En revanche, je n'arrive pas suffisamment à me détacher de la série télé (que, je le répète, j'adore). Je suis trop dans la comparaison. Notamment celle des personnages qui sont différents ou évoluent différemment. Les personnages télé de Daryl et Carol me manquent énormément (Daryl n'existe pas dans les comics et Carol est totalement différente). Certains personnages me paraissent d'ailleurs complètement creux et sous-exploité dans le comic (Glenn, Maggie et même Herschel, si charismatique dans la série). De même, pour ce tome en particulier, le personnage du gouverneur est beaucoup moins subtil que dans la série et donc, je trouve, beaucoup moins intéressant et moins effrayant (dans la série, c'est un manipulateur au passée complexe, un pseudo-dictateur qui fait des choses horribles mais se persuade qu'il les fait pour de bonnes raisons ; dans le comics, c'est un fou ultra-violent). Le comic permets cependant de développer certains aspects. Ainsi les enfants (Carl, Sophia, Ben et Billy) sont des personnages beaucoup plus développés et plus jeunes (dans la série, ils ne sont "exploités" qu'à l'adolescence et, bien sûr, les jeunes acteurs grandissent trop vite par rapport au déroulement de l'histoire). De plus, les personnages sont beaucoup plus marqués physiquement dans le comic (cicatrices, membres en moins...) que dans la série (pour des raisons évidentes). 

En conclusion, cette suite m'a plu et j'ai hâte de lire la suite en espérant que peu à peu l'histoire va se détacher de l'évolution de la série (dont j'attends également la suite avec impatience). 

Citation : Dale : "Andrea, chérie. Trois des rares personnes vivantes que je connais encore sont dehors cette nuit. Dehors, dans le noir. Avec tous ces morts-vivants qui s'empilent de l'autre côté du grillage. S'ils ne sont pas déjà morts, ils le seront bientôt et il n'y a rien que je puisse faire. Alors, non... Je ne dors pas, ma chérie et je n'y arriverai pas d'ici le lever du soleil." (p.63).