27 janv. 2016

D'Herbe et de Paille de Pierre Zylawski (Le Riffle)



Quatrième de couverture : "De la disparition  de son Damien, Félicie ne s'en remet pas. Elle est même loin de faire son deuil, comme on dit. C'est au-dessus de ses force, bien au-dessus de ce qu'elle peut essayer d'imaginer au point que c'en est presque contre nature ! Aussi, en dernier ressort, conçoit-elle un subterfuge qui lui permet de remonter le temps... et cette illusion un peu folle de révèlera particulièrement bénéfique ! 
Dès ce premier récit auquel le recueil doit son titre, le ton est donné. Dans le sillon des existences ordinaires qu'il relate, l'ouvrage déroule, avec concision  et à-propos, des histoires individuelles ou des fragments de vies qui pourraient presque se terminer en proverbes ou en dictons. En l'occurrence, les personnages en ressortent souvent grandis ou apaisés... Est-ce que le temps, perçu comme destructeur, n'est pas aussi cet architecte qui construit les héros du quotidien ? Mais attention, toutes les âmes ne sont pas nécessairement vertueuses..."

L'auteur de ce recueil de très courtes nouvelles (3 à 4 pages), conçues à la base pour être des histoires courtes lues à la radio, est Pierre Zylawski et est originaire du Nord. Il doit intervenir lors d'une animation dans la médiathèque où je suis bénévole et c'est dans ce cadre que je l'ai découvert et que j'ai lu ce livre.

Mon avis est très mitigé. Le format de ces histoires est pour moi très périlleux. Il faut accrocher le lecteur en très peu de temps et le mener dans le fil de l'histoire jusqu'au dénouement en quelques paragraphes seulement. Si quelques histoires m'ont vraiment plues, la plupart m'ont déçues et notamment les dénouements. Certaines histoires arrivent à toucher une certaine poésie, très simple, très subtil, très quotidienne, concernant la vie de couple ou de famille, c'est celle là qui m'ont plues. L'auteur à une capacité certaine à rentrer dans la peau de personnages très divers, parfois très attachants : femme âgée, jeune homme, enfant, tueur... Il diversifie également les genres : roman "terroir", récit à la première personne, romance, polar...Néanmoins, on retrouve son style tout le long du livre.  Il arrive également (parfois) à surprendre avec une fin inattendue. En revanche parfois, on devine la fin très vite ou alors même si on ne s'y attends pas, elle tombe totalement à plat tant l'artifice pour la rendre surprenante sonne faux. Parfois également le style est un peu lourd, avec de nombreux effets de style ou de métaphores qui sur un si court récit rendent la compréhension difficile.

En résumé, une lecture mitigée (j'ai bien aimée 10 nouvelles sur les 18 du recueil). C'était une lecture distrayante (pour les nouvelles aimées) mais le format-nouvelle ne m'a pas particulièrement séduite. Trop courte pour installer une intrigue complexe, des personnages à peine esquissés... Le temps de s'y attacher, le texte est déjà fini et nous laisse le plus souvent sur notre faim. Je dois lire un autre livre du même auteur dans le cadre de l'animation et j'ai hâte de le découvrir dans un vrai roman...

Citations : "Le sourire commercial ! Pour moi l'un des pires ! C'est le sourire du fric, de la convoitise, de la bêtise." (Souriez, on vous regarde).
" En l'absence de cris, des rires, des jeux enfantins, des rougeoles et des devoirs le soir, le silence s'invita, prit bien vite ses aises et de l'épaisseur, s'ancra dans le quotidien, le nécessaire." (Une étrange lueur). 

24 janv. 2016

En finir avec Eddy Bellegueule d'Edouard Louis (Points)


Quatrième de couverture : "En vérité, l'insurrection contre mes parents, contre la pauvreté, contre ma classe sociale, son racisme, sa violences, ses habitudes, n'a été que seconde. Car avant de m'insurger contre le monde de mon enfance, c'est le monde de mon enfance qui s'est insurgé contre moi. Je n'ai pas eu d'autre choix que de prendre la fuite. Ce livre est une tentative pour comprendre."

J'avais entendu parler de ce récit (en bien) à la radio lors de sa sortie et cette histoire m'avait interpellée. Un jour, à la gare, en attendant un train en retard, j'avais lu les premières pages qui m'avaient laissées une grande impression. Elles se passent dans un collège, où le narrateur se fait violemment agresser par deux élèves plus vieux que lui. Sans rentrer dans les détails, cette scène m'a renvoyée à ma propre histoire (beaucoup moins tragique, fort heureusement). J'ai, en effet, vécu un petit enfer dans un collège rural où la violence et l'intolérance régnaient en maître. Lorsque j'ai re-croisé ce livre en édition de poche, je n'ai pu me retenir de l'acheter ; un véritable achat compulsif...

Mon avis au terme de la lecture est assez mitigé. J'ai trouvé le récit très inégal. Certains moments sont très forts (et souvent d'une très grande violence) et l'auteur réussi à nous plonger au coeur de l'action, au coeur du sentiment, de l'émotion. J'ai notamment trouvé les scènes de harcèlements au collège ou encore de confrontations avec ses parents et son frère, très "justes", très "vraies". Je mets ces termes entre guillemets car il est difficile de savoir à quel point le récit est romancé par son auteur. D'autres moments sont plus laborieux et font vraiment tourner l'histoire en rond. L'éveil à sa sexualité m'a particulièrement rapidement lassé. Je trouve d'ailleurs le style de l'écriture beaucoup moins percutante, moins travaillée, sur ses passages. 

Je l'ai également trouvé très dur avec ses parents alors que, dans son histoire, on sent leur amour pour lui transparaître. On sent qu'il n'est pas dans l'apaisement contrairement à ce que la quatrième de couverture laisse paraitre. 

On a l'impression que quelque fois les événements, les sentiments sont tournés à son avantage. On sombre parfois un peu trop dans l'apitoiement, dans le voyeurisme de la misère... Je regrette qu'il n'est pas plus mis en avant une bataille, une lutte de sa part pour "s'en sortir"... Il est présenté comme quelqu'un qui subit ce qui lui arrive et je trouve ça dommage. Son récit aurait peut-être été moins "autobiographique" mais peut-être plus fort, plus percutant. Une sorte de "Mathilda" (roman de Roald Dahl) ou de "Billy Elliot" (film de Stephen Daldry) ou encore de "La vie est un long fleuve tranquille" (film d'Etienne Chatillez) plus trash et moins "tout public" mais distillant néanmoins un souffle d'espoir et de rêve... C'est un peu ce que j'attendais en lisant ce livre et que je n'ai pas eu. 

En résumé j'ai bien accroché au début du livre, très violent, très percutant, très juste mais au fil du livre, je me suis lassée. Certain passage tournent vraiment en rond et tombe un peu dans le voyeurisme. Le narrateur (l'auteur) n'est pas très attachant avec sa colère et son absence de combativité. Il ne s'érige pas en révolutionnaire combatif mais plus en martyr. 

Citation : "Comment la fuite a d'abord été vécue comme un échec, une résignation. A cet âge, réussir aurait voulu dire être comme les autres. J'avais tout essayé. " (p.184)

16 janv. 2016

Walking Dead, T.5, Monstrueux de Robert Kirkman et Charlie Adlard (Delcourt)


Cinquième tome de la série de comics américains cultissimes (notamment depuis la série télé d'AMC). 

On y suit les aventures d'un petit groupe d'hommes et de femmes dans un monde apocalyptique peuplé de zombies mais également d'autres rescapés parfois plutôt hostiles. 

Dans le tome 5 (attention si vous n'êtes pas à jour), le petit groupe trouve refuge dans une prison et fait la rencontre du sinistre gouverneur qui est à la tête d'une petite communauté de survivants. Cette rencontre aura d'atroces conséquences pour Rick, Michonne et Glenn. 

J'ai commencé la série de comics après avoir découvert la série télé. J'adore la série qui est très puissante et que je classe dans les séries qui m'ont durablement marqué. Les histoires de zombies (films, séries ou littérature) m'ont toujours profondément affecté, beaucoup plus que le reste du genre "horreur". Je ne sais pourquoi ces mondes apocalyptiques, où vivre se résume à lutter sans espoir, éveillent en moi des angoisses profondes. D'autant plus qu'en général, ces oeuvres soulèvent la thématique de la déshumanisation des survivants qui deviennent "pires" que les zombies... Paradoxalement, c'est un thème qui m'attire énormément (l'humain n'est-il pas, par nature, attiré par ce qui lui fait horreur ?)

J'ai bien apprécié le tome 5. Le rythme ne se ralentit et ne lasse pas de tomes en tomes. Les événements sont bien mis en place, en prenant le temps qu'il faut pour bien surprendre le lecteur sans lui donner envie de lâcher le livre avant le dénouement. On lit l'ensemble en très peu de temps, on est surpris, on est triste... On ne sourit que rarement, c'est quand même très sombre... On lit tellement rapidement pour suivre l'intrigue qu'on ne prend pas suffisamment le temps de profiter des magnifiques illustrations en noir et blanc... Moi l'adepte de la lecture - trop - lente, je reviens souvent en arrière pour regarder les détails du dessin, une fois que le suspense de l'action est achevé. 

En revanche, je n'arrive pas suffisamment à me détacher de la série télé (que, je le répète, j'adore). Je suis trop dans la comparaison. Notamment celle des personnages qui sont différents ou évoluent différemment. Les personnages télé de Daryl et Carol me manquent énormément (Daryl n'existe pas dans les comics et Carol est totalement différente). Certains personnages me paraissent d'ailleurs complètement creux et sous-exploité dans le comic (Glenn, Maggie et même Herschel, si charismatique dans la série). De même, pour ce tome en particulier, le personnage du gouverneur est beaucoup moins subtil que dans la série et donc, je trouve, beaucoup moins intéressant et moins effrayant (dans la série, c'est un manipulateur au passée complexe, un pseudo-dictateur qui fait des choses horribles mais se persuade qu'il les fait pour de bonnes raisons ; dans le comics, c'est un fou ultra-violent). Le comic permets cependant de développer certains aspects. Ainsi les enfants (Carl, Sophia, Ben et Billy) sont des personnages beaucoup plus développés et plus jeunes (dans la série, ils ne sont "exploités" qu'à l'adolescence et, bien sûr, les jeunes acteurs grandissent trop vite par rapport au déroulement de l'histoire). De plus, les personnages sont beaucoup plus marqués physiquement dans le comic (cicatrices, membres en moins...) que dans la série (pour des raisons évidentes). 

En conclusion, cette suite m'a plu et j'ai hâte de lire la suite en espérant que peu à peu l'histoire va se détacher de l'évolution de la série (dont j'attends également la suite avec impatience). 

Citation : Dale : "Andrea, chérie. Trois des rares personnes vivantes que je connais encore sont dehors cette nuit. Dehors, dans le noir. Avec tous ces morts-vivants qui s'empilent de l'autre côté du grillage. S'ils ne sont pas déjà morts, ils le seront bientôt et il n'y a rien que je puisse faire. Alors, non... Je ne dors pas, ma chérie et je n'y arriverai pas d'ici le lever du soleil." (p.63). 

10 janv. 2016

2084 : la fin du monde de Boualem Sansal (Gallimard - Collection Blanche)

Grand Prix du Roman de l'Académie Française ex-aequo 2015 et Meilleur Livre de l'année 2015 du magazine Lire, ce roman d'anticipation raconte le destin d'Ati au coeur du royaume totalitaire de l'Abistan. Dans cet empire, tout est basé sur la soumission absolue à un dieu unique, à sa parole retranscrite dans le Gabkul et à son délégué sur terre, Abi. La population est maintenue dans un état d'ignorance et d'amnésie général. Jusqu'au jour où un de ses sujets, Ati, commence à se poser des questions...

Ce livre me tentait vraiment au sein de la rentrée littéraire. J'adore les anticipations et autres uchronies (qui sont souvent des genres cantonnés à la SF, à la littérature anglo-saxonne ou au YA) et je trouvais intéressante, l'exploitation de ce genre dans une littérature dite "sérieuse" et "adulte" (même si, en règle général, je déteste les étiquettes). De plus, l'actualité sordide et désolante d'une année 2015 en ébullition (en France et dans le monde) m'a aiguillée vers la lecture de cet auteur, dont je me demandais s'il pouvait fournir des clefs pour comprendre ce chaos.
J'ai reçu ce livre dans le cadre de ma participation aux Matchs de la Rentrée Littéraire de PriceMinister-Rakuten.

Je ne suis pas du tout déçu par la lecture de ce roman que je qualifierai plutôt de fable ou de conte que de roman d'anticipation. Si l'analogie à 1984 de Georges Orwell est pleinement assumée et les références omniprésentes, j'ai personnellement souvent pensé à Candide ou l'optimisme de Voltaire. La naïveté du héros, son parcours initiatique, sa découverte des turpitudes du monde, son envie d'en sortir... 
L'écriture est très belle, très "souple", très imagée, parfois d'une poésie "orientalisante". D'ailleurs, la langue est très importante dans le déroulé du récit car la simplification à l'extrême de l'Abilang, imposée dans le royaume et composée de mots d'une à deux syllabes au maximum, sert à la soumission de la population. Comment s'interroger quand on ne dispose pas de mots pour exprimer l'abstraction ou pour conceptualiser? 

En revanche, j'ai eu du mal à m'attacher au personnage principal d'Ati, si ce n'est à la fin du livre. J'ai préféré le personnage de son acolyte Koa ou celui de Toz, l'initiateur. J'ai trouvé Ati difficile à suivre dans ses réflexions. Tour à tour naïf et clairvoyant, on ne comprend pas trop ce qu'il veut ni ce qu'il fait. Je ne l'ai pas trouvé très crédible. C'est un problème que j'ai rencontré lors de cette lecture. Nous suivons le point de vue d'Ati, qui ne sait rien et s'interroge continuellement et puis d'un coup, le narrateur change de point de vue et est omniscient. On comprend alors que c'est, sans doute, Boualem Sansal qui expose son "message" mais cela s'insère mal dans le récit. Il aurait fallu créer un autre narrateur, plus omniscient qu'Ati (comme Toz pourquoi pas?) ou bien cantonner son "message" à un épilogue... 
 Enfin, le récit est parfois difficile à appréhender notamment au début. Il faut s'accrocher car l'auteur crée un monde mais ne nous donne que peu de clefs pour le comprendre. Et puis, peu à peu, on comprends le fonctionnement. Il faut se laisser le temps d'y entrer. 

En conclusion, cette lecture ma plu. Le message m'a touché et j'ai trouvé que le transmettre via cette "fable philosophique" était un bon choix même si parfois, il n'était pas communiqué de manière très subtile. Le but du roman est clairement ce message, cet avertissement, cette dénonciation de la possibilité et de l'horreur d'un régime totalitaire religieux qui pèserait, selon Boualem Sansal sur notre société. Selon lui, comment lutter : la langue, la culture, la connaissance, les musées, les écoles... Je ne peux qu'adhérer...

Citation : "Il n'empêche, ce que l'un a vu, entrevu, rêvé seulement, un autre, plus tard, ailleurs, le verra, l'entreverra, le pensera, et peut-être celui-là réussira-t-il à le tirer à la lumière de manière que chacun le voie et entre en révolte contre la mort qui le squatte" (p.41). 

Liste de janvier 2016

Comme vous le découvrirez assez vite, j’aime faire des listes… Cela aide mon esprit à se croire cartésien !!
Voici donc le premier article de liste de lectures qui sera le premier d’une longue liste de liste…
Voici les lectures entamées, en cours ou achevées du mois de janvier (mises à jour au fur et à mesure) :
  • 2084 : la fin du monde de Boualem Sansal (Gallimard – Collection Blanche). Terminé le 5 janvier.
  • The Walking Dead, T.5, Monstrueux de Robert Kirkman et Charlie Adlard (Delcourt – Contrebande). Terminé le 13 janvier. 
  • D’herbe et de paille de Pierre Zylawski (éditions du Riffle). Terminé le 20 janvier. 
  • En finir avec Eddy Bellegueule d’Edouard Louis (Points). Terminé le 19 janvier.
  • Le maître des Livres, T.1 d’Umiharu Shinohara (Komikku éditions).
  • La voleuse de livre de Markus Zusak (e-book). Terminé le 2 février. 

Portrait chinois (à la sauce Bernard Pivot…)


Mon mot préféré : moelleux.
Le mot que vous détestez : grillage.
Votre drogue favorite : chocolat (noir, bien sur !).
Le son, le bruit que vous aimez : les clignotants de voiture.
Le son, le bruit que vous détestez : les dents d’une fourchette sur une assiette.
Votre juron, gros mot ou blasphème favori : putain de merde.
Homme ou femme pour illustrer un nouveau billet de banque : Alexandra David-Néel.
Le métier que vous n’auriez pas aimé faire : juge.
La plante, l’arbre, l’animal dans lequel vous aimeriez être réincarné : un chêne.
Si Dieu existe, qu’aimeriez-vous, après votre mort l’entendre dire : « J’ai grave merdé »…

Enfin bref… On parlera livres, lectures et peut-être d’autres choses… On verra bien…