24 janv. 2016

En finir avec Eddy Bellegueule d'Edouard Louis (Points)


Quatrième de couverture : "En vérité, l'insurrection contre mes parents, contre la pauvreté, contre ma classe sociale, son racisme, sa violences, ses habitudes, n'a été que seconde. Car avant de m'insurger contre le monde de mon enfance, c'est le monde de mon enfance qui s'est insurgé contre moi. Je n'ai pas eu d'autre choix que de prendre la fuite. Ce livre est une tentative pour comprendre."

J'avais entendu parler de ce récit (en bien) à la radio lors de sa sortie et cette histoire m'avait interpellée. Un jour, à la gare, en attendant un train en retard, j'avais lu les premières pages qui m'avaient laissées une grande impression. Elles se passent dans un collège, où le narrateur se fait violemment agresser par deux élèves plus vieux que lui. Sans rentrer dans les détails, cette scène m'a renvoyée à ma propre histoire (beaucoup moins tragique, fort heureusement). J'ai, en effet, vécu un petit enfer dans un collège rural où la violence et l'intolérance régnaient en maître. Lorsque j'ai re-croisé ce livre en édition de poche, je n'ai pu me retenir de l'acheter ; un véritable achat compulsif...

Mon avis au terme de la lecture est assez mitigé. J'ai trouvé le récit très inégal. Certains moments sont très forts (et souvent d'une très grande violence) et l'auteur réussi à nous plonger au coeur de l'action, au coeur du sentiment, de l'émotion. J'ai notamment trouvé les scènes de harcèlements au collège ou encore de confrontations avec ses parents et son frère, très "justes", très "vraies". Je mets ces termes entre guillemets car il est difficile de savoir à quel point le récit est romancé par son auteur. D'autres moments sont plus laborieux et font vraiment tourner l'histoire en rond. L'éveil à sa sexualité m'a particulièrement rapidement lassé. Je trouve d'ailleurs le style de l'écriture beaucoup moins percutante, moins travaillée, sur ses passages. 

Je l'ai également trouvé très dur avec ses parents alors que, dans son histoire, on sent leur amour pour lui transparaître. On sent qu'il n'est pas dans l'apaisement contrairement à ce que la quatrième de couverture laisse paraitre. 

On a l'impression que quelque fois les événements, les sentiments sont tournés à son avantage. On sombre parfois un peu trop dans l'apitoiement, dans le voyeurisme de la misère... Je regrette qu'il n'est pas plus mis en avant une bataille, une lutte de sa part pour "s'en sortir"... Il est présenté comme quelqu'un qui subit ce qui lui arrive et je trouve ça dommage. Son récit aurait peut-être été moins "autobiographique" mais peut-être plus fort, plus percutant. Une sorte de "Mathilda" (roman de Roald Dahl) ou de "Billy Elliot" (film de Stephen Daldry) ou encore de "La vie est un long fleuve tranquille" (film d'Etienne Chatillez) plus trash et moins "tout public" mais distillant néanmoins un souffle d'espoir et de rêve... C'est un peu ce que j'attendais en lisant ce livre et que je n'ai pas eu. 

En résumé j'ai bien accroché au début du livre, très violent, très percutant, très juste mais au fil du livre, je me suis lassée. Certain passage tournent vraiment en rond et tombe un peu dans le voyeurisme. Le narrateur (l'auteur) n'est pas très attachant avec sa colère et son absence de combativité. Il ne s'érige pas en révolutionnaire combatif mais plus en martyr. 

Citation : "Comment la fuite a d'abord été vécue comme un échec, une résignation. A cet âge, réussir aurait voulu dire être comme les autres. J'avais tout essayé. " (p.184)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire