19 avr. 2016

Le contrat Salinger d'Adam Langer (Super8 éditions)



Résumé : Journaliste désabusé, Adam Langer retrouve un jour une vieille connaissance : Conner Joyce, auteur de thrillers en perte de vitesse en pleine promotion de son dernier roman. Ce dernier lui confie avoir reçu une offre ahurissante : un homme d’affaires richissime, lui a proposé d’écrire un roman rien que pour lui moyennant une somme colossale. Seule particularité, le contrat s’assortit de certaines clauses assez particulières :
1/ le livre rejoindra la collection privée d’exemplaires uniques de l’homme d’affaires, pour lequel ont déjà travaillé des écrivains aussi prestigieux que Thomas Pynchon, Norman Mailer ou J. D. Salinger… et n’en sortira jamais.
2/ Le propriétaire se réserve le droit d’exiger de l’auteur quelques modifications de son cru.
3/ l’accord doit rester absolument secret.

Bientôt, et tandis qu’un Conner visiblement aux abois s’obstine à tout raconter à son ami – lequel se passerait bien de ces révélations –, l’histoire prend une tournure des plus inquiétantes : l’offre n’a évidemment rien de philanthropique, et le contrat désormais signé aura des conséquences imprévues.


J'ai découvert ce livre grâce à mon partenariat avec la plateforme pour lecteurs professionnels NetGalley. Je remercie les éditions Super8 pour leur confiance et pour m'avoir permis de découvrir ce roman. 

Ce polar m'a vraiment plu. Il est très efficace, très malin. Toute l'intrigue à suspense nous est racontée par le narrateur, qui a le même nom que l'auteur (Adam Langer), et elle lui est racontée par l'écrivain (fictif) Conner. Tous le roman plane dans l'incertitude du vrai et du faux... Est-ce une histoire vraie? Est-ce que Conner raconte la vérité au narrateur? L'auteur semble s'amuser avec nous et nous, lecteurs, nous en amusons. Par exemple, Conner est réputé dans ces thrillers pour ses descriptions très détaillées et très précises donnant un aspect très "vrai" à ces enquêtes. Or, le roman lui-même est truffé de descriptions et de faits très précis (et exacts) : nom d'auteurs réels, description de la ville de Chicago et notamment d'un bar en particulier... On s'y croirait, et du coup on est, comme le narrateur, bien en peine de distinguer la vérité du roman. J'ai, à plusieurs reprise, été voir sur internet s'il s'agissait d'un fait "vrai" ou d'un fait "de fiction". 

J'ai trouvé l'histoire très originale également. Il est amusant de voir un auteur de polar se retrouver, comme ses héros, au coeur d'une intrigue. 
L'écriture est très précise, les descriptions très fluides et les chapitres assez courts. Attention, ce livre est très dur à lâcher. Même si le suspense n'est pas insoutenable on est poussé par la curiosité et on veut savoir la suite et démêler le vrai du faux. 

On trouve aussi en filigrane du roman, un questionnement plus profond : un écrivain écrit-il pour écrire ou pour être lu? Vaut il mieux écrire un bon livre lu par une seule personne ou plusieurs moins bien dans l'espoir que des centaines de personnes les liront? L'auteur est-il responsable des actes inspirés par son livre?

Je mettrai un petit bémol néanmoins sur la fin de l'histoire : cette fin est double puisqu'on a la fin de l'histoire de Conner telle qu'il la raconte à Adam Langer puis la fin proprement dite du livre, qui est ce que le narrateur fait avec cette histoire. La fin de l'aventure de Conner m'a un peu déçu (un peu rapide) mais elle reste dans le questionnement du "dit-il la vérité?". Cependant, si certaines révélations sont bien surprenantes et bienvenues, l'épilogue m'a fortement déçu. J'aurai préféré une fin ouverte à ce récit, une fin qui nous aurait laissé dans le trouble qui nous suit tout le roman. 

En bref, j'ai passé un très bon moment en lisant ce polar très efficace et très original même si la fin m'a un peu déçue. 

Citation : "Et donc nous étions là, casquettes sur la tête, deux quadras en slip de bain discutant en plein cagnard et sirotant nos eaux gazeuses, au bout de cette piscine où on avait pied, dans notre Hilton de West Lafayette avec vue sur l'autoroute, comme deux caïd en train d'organiser un deal. Dans nos rêves, ouais. En réalité, on devait plus ressembler à deux pères de famille au bout du rouleau qui attendaient leurs enfants pour aller dans l'eau."

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