20 mars 2016

Techno Faerie de Sara Doke (ed. Les moutons électriques)


Quatrième de couverture : Les fées ont cessé de se cacher des hommes : elles sont revenu et bon an mal an l'univers de la Faerie s'est intégrées à la société technologique. Depuis les premiers contacts d'enfants-fae avec la civilisation de l'automobile jusqu'aux premiers voyages spatiaux, ce livre conte l'histoire d'une évolution différente de notre monde. 

Ce roman, mélange de fantasy et de SF est très étrange et envoutant. Sa structure narrative est assez complexe et originale. Le temps s'écoule de manière chronologique (depuis la décision des faes de se révéler aux humains jusqu'à la collaboration pour la conquête commune de l'espace) mais pas linéairement. Chaque chapitre offre un point de vue différents (fae ou humain mais jamais le même personnage) et une forme différente (récit, lettres, monologue, articles de presse...). C'est donc au lecteur de reconstituer les lacunes pour suivre la destinée des personnages dont on a des nouvelles ponctuellement. Au début de ma lecture, j'ai cru qu'il s'agissait d'un recueil de nouvelles, puis peu à peu, l'ensemble et les liens se sont dessinée. Il faut être patient et attentif mais une fois dans l'histoire, il est impossible de le lâcher avant les dernières pages. 

L'écriture est très belle, parfois poétique, très fluide. 

En négatif, je dirais que le beau dossier illustré à la fin (chaque espèce de fae y est détaillé) n'est pas exploitable pendant la lecture. A plusieurs reprise j'ai essayé de chercher la fiche sur la fae apparue dans le récit mais faute de renvoi clair, j'ai vite arrêté, d'autant que ça me coupait dans ma lecture. 
D'autre part j'ai trouvé que la morale écolo (les hommes détruisent la planète, les faes doivent intervenir car elles vivent en symbiose avec la nature) n'est pas très subtile. En revanche, le (très bel) éloge du multiculturalisme, sa richesse et son pouvoir, se lit subtilement en filigrane et prend tout son sens lors du dénouement. 

En bref, une très belle et étrange découverte. Un livre qui me marquera et dont je suis sorti à regret...

Citation : "Je sais que tu ne me crois pas. Je sais que je te fais peur. Je sais que tu penses que je te tends un piège. Mais ne rejette surtout pas tout ce que je t'ai dit. Pour le môme. Fais le pour le môme."

16 mars 2016

Esther et Mandragore - Une sorcière et son chat de Sophie Dieuaide (Ill. Marie-Pierre Oddoux) (ed. Talents Hauts)



Histoire : La petite sorcière Esther est envoyé en "stage" d'observation dans le monde des humains avec son chat, et meilleur ami, Mandragore. Elle va devoir aider une petite fille à retrouver son chat mais... Attention... sans utiliser la magie!!

Un petit roman pour les enfants de 8 à 12 ans qui se lit vite et bien. L'histoire est très amusante avec de belles trouvailles. Notamment dans les décalages entre les deux mondes : la petite Esther ne connait ni la télé, ni les imprimantes, ni les autobus... Elle ne comprend pas pourquoi les chats ne parlent pas ni pourquoi il y a tant d'homme (et oui dans le monde des sorcière... pas d'hommes). On retrouve aussi avec plaisir le monde de la sorcellerie avec potions magiques aux ailes d'insectes grillés et formules magiques. 
La fin est cependant décevante et trop rapide à mon gout. L'aventure du chat disparu est résolu mais il n'y a pas de chute... Dommage!!

En bref : un amusant petit roman pour les plus jeunes avec de bonnes trouvailles. 

Citation : "Ce monde est si étrange ! On dirait, par exemple, que les humains ne fabriquent rien. Ils ne cousent pas leur vêtements, ils ne font même pas leurs chaussures. C'est incroyable !"

15 mars 2016

Cui cui de Marine Rivoal (Edition du Rouergue)




Résumé : Au milieu des animaux, l'étoile de mer s'ennuie car elle ne peux pas jouer avec eux. Les animaux s'amusent à s'imiter : le crocodile imite l'autruche, l'éléphant imite le singe...

Il s'agit ici d'un album pour les enfants à partir de 3 ans. Il y a très peu de texte et l'histoire est assez courte.

Cet album est très beau. Les illustrations, toute dans la même gamme de coloris sont très beaux, très originaux et très fouillés. Le texte fait aussi partie de l'esthétique avec des changements de couleurs ou de taille.

L'histoire est très amusante. On s'amuse avec les oiseaux à deviner quel animal est mimé... La chute est très belle et poétique.

En bref : un très bel album, très bien illustré avec une histoire amusante qui plaira aux enfants et aux adultes qui leur liront!!

Citation : "Quelle cacophonie chez les cacatoès !"

6 mars 2016

L'intérêt de l'enfant de Ian Mc Ewan (Gallimard)



Quatrième de couverture : A l'âge de cinquante-neuf ans, Fiona Maye est une brillante magistrate à la Haute Cour de Londres où elle exerce en tant que spécialiste du droit de la famille. Passionnée, parfois même hantée par son travail, elle en délaisse sa vie personnelle et son mari Jack. Surtout depuis cette nouvelle affaire : Adam Henry, un adolescent de dix-sept ans atteint de leucémie, risque la mort et les croyances religieuses de sa famille interdisent la transfusion sanguine qui pourrait le sauver. Avant de rendre son jugement, Fiona décide soudainement de se rendre à l'hôpital pour rencontrer Adam. Mais cette entrevue, au cours de laquelle elle découvre un jeune homme romantique, poète et musicien, la trouble. Désormais impliquée personnellement, la magistrate décide de tout faire pour sauver Adam. Seulement sa décision n'est pas sans conséquences et elle se retrouve unie au garçon par un lien étrange qui pourrait bien causer leur perte.
Dans ce court roman, Ian McEwan allie avec justesse la froideur de la justice à la poésie et à la musicalité qui imprègnent la vie des personnages. Dans un style limpide, il construit une de ces ambiances oppressantes dont il a la clé et fait preuve d'une complexité thématique impressionnante. A la lecture, les certitudes se dérobent : où s'arrête et où commence l'intérêt de l'enfant ?

J'ai reçu ce livre à Noël. Je l'avais ajouté à ma wish list suite à la lecture des premières pages dans un numéro du magazine Lire. 

J'ai vraiment apprécié cette lecture même si ce n'est pas un coup de coeur. 
Le sujet est très intéressant et très documenté (la vie d'un juge pour enfant britannique, son quotidien, les décisions qu'il doit prendre). Cependant, la force du livre est l'écriture et l'expression des sentiments, des ressentis, des hésitations de l'héroïne. Même si c'est un personnage très sérieux et froid, on s'attache immédiatement à elle. Ses doutes, son manque d'assurance parfois, sont très bien exprimés. Tout est vu par son ressenti, son regard. Elle s'attache au jeune Adam, on s'attache au jeune Adam. Elle déteste son mari infidèle, on le déteste. Elle pardonne à son mari et retombe amoureuse, on s'attache à lui...
On pressent la fin, tout comme l'héroïne mais on refuse de l'admettre ce qui fait qu'elle est tout même surprenante...

En négatif, je dirais que malgré le sujet ce n'est pas un texte fort et poignant sur "l'intérêt de l'enfant" mais, comme on le comprend au fil du livre, un roman sur un moment de la vie d'une femme. Ce n'est pas le livre auquel je m'attendais et cela m'a surprise. 

Bref, c'est un très beau roman, très bien écrit. 

Citation : "Fiona resta plantée là, le regard fixé, sans raison particulière, sur l'assiette de hors-d'oeuvre préparée par son mari, et par chance l'esprit vide. La musique qu'elle venait de jouer ne résonnait pas dans sa tête comme c'était le cas d'habitude. Elle avait oublié le concert. S'il était neurologiquement possible de ne pas penser, elle n'avait aucune pensée. Plusieurs minutes passèrent. Impossible de savoir combien. Un bruit la fit se retourner. Le feu agonisait et s'écroulait dans l'âtre."