28 avr. 2016

Immaculée de Katelyn Detweiler (Robert Laffont - Collection R)



Résumé : Première de classe, bien dans sa peau et dans sa famille, Mina sort avec le garçon le plus ambitieux du lycée. Mais le jour où elle se découvre enceinte - alors qu'elle n'a jamais fait l'amour -, son monde bien ordonné chavire. Personne ou presque ne croit en sa virginité. Pour son père, le coupable est son petit-ami ; ce dernier, lui, est persuadé qu'elle l'a trompé. L'histoire de la grossesse de Mina va se répandre comme une traînée de poudre. Pour certains elle est une hérétique, tandis que, pour d'autres, les miracles sont possibles et l'enfant à naître de Mina sera le plus grand de tous... Et vous, dans quel camp vous rangerez vous ?


Autant le dire tout de suite, je n'ai pas du tout apprécié cette lecture. J'ai lu environ les 100 premières pages et les deux derniers chapitres de cette histoire.

Si le style de l'auteure ne m'a pas dérangé et est plutôt fluides et agréable à lire, c'est bien l'histoire en elle-même qui m'a profondément énervée.

J'ai trouvé relativement intéressante la partie sur la réputation de la jeune fille, comment la nouvelle de cette grossesse se répand, notamment via le media internet et les passions qu'elle déchaîne. C'est une analyse assez pertinente de notre société ultra-connectée et dans laquelle il faut avoir un avis su tout, tout de suite. Cependant, pour moi, cela ne suffit pas à sauver le livre.

Les références à la religion omniprésente ainsi que les interrogations religieuses de l'héroïne m'ont profondément gêné. Le fantastique, ici, ce résume au miracle religieux (et chrétien). Le fait que l'héroïne doit se soumettre, doit accepter et prendre comme un "miracle", comme un "don", ce qui lui arrive m'a mis mal à l'aise.
Mais au delà de ça, je pense que c'est le personnage de Mina qui m'a profondément agacé. Il s'agit d'une jeune fille brillante de 17 ans dont le seul but dans la vie, au début du roman, est de suivre son copain, brillant lui aussi, où qu'il aille, quoi qu'il fasse... L'arrivée "miraculeuse" de sa grossesse remet bien entendu tout en cause. Mais là, quand la question de l'avortement se pose (très brièvement d'ailleurs alors qu'elle ne connait pas l'origine de sa grossesse qui pourrait être un viol à son insu), elle déclare qu'elle a le sentiment de ne pas avoir le droit de faire ça... Je trouve que placer des propos comme cela dans un livre destiné à la jeunesse est inquiétant. Même s'il ne faut pas minimiser l'es conséquences d'une telle décision, la femme reste la seule et unique maîtresse de son corps et elle seule peut en disposer comme elle le veut. Le roman est une suite de cliché et d'idées d'un autre temps et ne sers définitivement la cause des jeunes femmes du XXIème siècle.

En bref, et sans m'attarder, j'ai trouvé ce roman pseudo-fantastique pétri d'une idéologie vieillotte concernant les femmes et la société.


19 avr. 2016

Le contrat Salinger d'Adam Langer (Super8 éditions)



Résumé : Journaliste désabusé, Adam Langer retrouve un jour une vieille connaissance : Conner Joyce, auteur de thrillers en perte de vitesse en pleine promotion de son dernier roman. Ce dernier lui confie avoir reçu une offre ahurissante : un homme d’affaires richissime, lui a proposé d’écrire un roman rien que pour lui moyennant une somme colossale. Seule particularité, le contrat s’assortit de certaines clauses assez particulières :
1/ le livre rejoindra la collection privée d’exemplaires uniques de l’homme d’affaires, pour lequel ont déjà travaillé des écrivains aussi prestigieux que Thomas Pynchon, Norman Mailer ou J. D. Salinger… et n’en sortira jamais.
2/ Le propriétaire se réserve le droit d’exiger de l’auteur quelques modifications de son cru.
3/ l’accord doit rester absolument secret.

Bientôt, et tandis qu’un Conner visiblement aux abois s’obstine à tout raconter à son ami – lequel se passerait bien de ces révélations –, l’histoire prend une tournure des plus inquiétantes : l’offre n’a évidemment rien de philanthropique, et le contrat désormais signé aura des conséquences imprévues.


J'ai découvert ce livre grâce à mon partenariat avec la plateforme pour lecteurs professionnels NetGalley. Je remercie les éditions Super8 pour leur confiance et pour m'avoir permis de découvrir ce roman. 

Ce polar m'a vraiment plu. Il est très efficace, très malin. Toute l'intrigue à suspense nous est racontée par le narrateur, qui a le même nom que l'auteur (Adam Langer), et elle lui est racontée par l'écrivain (fictif) Conner. Tous le roman plane dans l'incertitude du vrai et du faux... Est-ce une histoire vraie? Est-ce que Conner raconte la vérité au narrateur? L'auteur semble s'amuser avec nous et nous, lecteurs, nous en amusons. Par exemple, Conner est réputé dans ces thrillers pour ses descriptions très détaillées et très précises donnant un aspect très "vrai" à ces enquêtes. Or, le roman lui-même est truffé de descriptions et de faits très précis (et exacts) : nom d'auteurs réels, description de la ville de Chicago et notamment d'un bar en particulier... On s'y croirait, et du coup on est, comme le narrateur, bien en peine de distinguer la vérité du roman. J'ai, à plusieurs reprise, été voir sur internet s'il s'agissait d'un fait "vrai" ou d'un fait "de fiction". 

J'ai trouvé l'histoire très originale également. Il est amusant de voir un auteur de polar se retrouver, comme ses héros, au coeur d'une intrigue. 
L'écriture est très précise, les descriptions très fluides et les chapitres assez courts. Attention, ce livre est très dur à lâcher. Même si le suspense n'est pas insoutenable on est poussé par la curiosité et on veut savoir la suite et démêler le vrai du faux. 

On trouve aussi en filigrane du roman, un questionnement plus profond : un écrivain écrit-il pour écrire ou pour être lu? Vaut il mieux écrire un bon livre lu par une seule personne ou plusieurs moins bien dans l'espoir que des centaines de personnes les liront? L'auteur est-il responsable des actes inspirés par son livre?

Je mettrai un petit bémol néanmoins sur la fin de l'histoire : cette fin est double puisqu'on a la fin de l'histoire de Conner telle qu'il la raconte à Adam Langer puis la fin proprement dite du livre, qui est ce que le narrateur fait avec cette histoire. La fin de l'aventure de Conner m'a un peu déçu (un peu rapide) mais elle reste dans le questionnement du "dit-il la vérité?". Cependant, si certaines révélations sont bien surprenantes et bienvenues, l'épilogue m'a fortement déçu. J'aurai préféré une fin ouverte à ce récit, une fin qui nous aurait laissé dans le trouble qui nous suit tout le roman. 

En bref, j'ai passé un très bon moment en lisant ce polar très efficace et très original même si la fin m'a un peu déçue. 

Citation : "Et donc nous étions là, casquettes sur la tête, deux quadras en slip de bain discutant en plein cagnard et sirotant nos eaux gazeuses, au bout de cette piscine où on avait pied, dans notre Hilton de West Lafayette avec vue sur l'autoroute, comme deux caïd en train d'organiser un deal. Dans nos rêves, ouais. En réalité, on devait plus ressembler à deux pères de famille au bout du rouleau qui attendaient leurs enfants pour aller dans l'eau."

15 avr. 2016

La liseuse de Paul Fournel (Folio)



Quatrième de couverture : Robert Dubois, éditeur de la vieille garde, se voit remettre une liseuse par une stagiaire. Quelque chose couve qui pourrait être une révolution et cette perspective le fait sourire.

Ce court roman (moins de 200 pages) m'a intéressé quand j'en ai entendu parlé car il semblait traiter des changements, des "révolutions" lié au développement de la lecture numérique. Ce thème et les débats qui en découlent sont d'actualités et j'espérais que cette lecture pourrait, agréablement, me sensibiliser à cette problématique. 

Concernant, l'histoire, la liseuse n'est que le début de le démarrage. L'éditeur "à l'ancienne" va découvrir au contact d'un groupe de jeune stagiaire une nouvelle vision du métier (nouveaux auteurs, importance de l'image des auteurs, applications pour téléphone...). Cependant, le personnage n'est pas du tout hostile. Même s'il est un peu largué, il prend tout cela avec humour et s'amuse beaucoup. 

Ce livre est une passionnante plongée dans le métier d'éditeur, de ce qu'il était et ouvre des perspectives sur ce qu'il devient. Le rapport entre éditeur et auteur est aussi bien traité avec plusieurs personnages haut en couleur. L'écriture est assez original et le découpage des chapitres m'a parfois surprise (au beau milieu d'une phrase...). Mais à la fin du livre, l'auteur explique qu'il a construit son récit en  sextine (forme poétique du 12è siècle très codifiée). J'aurai aimé que cette indication se trouve au début du livre pour pouvoir en profiter pendant ma lecture et non pas à posteriori... Dommage !!

J'ai trouvé que les sentiments du personnage n'était pas assez exprimé. Le texte est écrit à la première personne mais on n'a du mal à comprendre ce qu'il ressent (affection, amour, amitié, déception...). De ce fait, on ne comprend pas toujours les motivations du personnage. De même, les sentiments/motivations/caractères des autres personnages (notamment des auteurs qui sont de vieilles connaissances du héros) restent assez obscurs et on a du mal à s'attacher à eux. Par exemple, la relation entre le personnage et Valentine aurait pu être très trouble et riche : attirance, amitié, admiration, paternalisme... Mais tout cela reste superficiel. 

Le dénouement (7 pages) est très fort et très surprenant. Il m'a émue. En refermant le livre j'ai regretté que l'ensemble du livre n'ai pas été si fort que les dernières lignes...

En bref, un livre intéressant par son thème et sa forme mais l'auteur ne fait, à mon goût, pas subir une introspection suffisante à son personnage.

Citation : "Maud est partout en photo. Son livre l'a inventée. Elle est un nouveau personnage (...). Il l'a rendue belle.".